Si la plupart des espèces de chauves-souris, dont nos espèces locales, sont insectivores, certaines (appartenant à la lignée des Mégachiroptères) sont frugivores et disséminent les graines par l'intermédiaire des déjections en vol, d'autres nectarivores ce qui contribue à la pollinisation croisée des plantes. Globalement de plus grande taille, les chauves-souris de ce sous-ordre sont caractérisées par leur gros yeux et leur tête rappelant celle du renard (d'où leur surnom de renards volants). Ces chauves-souris vivent généralement dans les zones tropicales et subtropicales où elles peuvent trouver des arbres fruitiers toute l'année.
Roussette à tête grise (Pteropus poliocephalus) |
Contrairement aux oiseaux frugivores qui restent longtemps perchés sur l'arbre après s'être alimentés, et défèquent donc souvent les graines sous l'arbre mère, les chauves-souris frugivores défèquent ou recrachent les graines le plus souvent en vol. En plus d'une large dissémination des graines, les chauves-souris assurent également la dissémination d'une grande quantité et d'une grande variété de graines. Le passage très rapide des graines dans la bouche puis l’estomac des Mégachiroptères (en environ 30min), laisse les graines intactes et augmenterait même significativement leur taux de germination (Bianconi & al. 2007).
Ainsi, les chauves-souris frugivores influencent considérablement la structure de la végétation. On estime qu'au moins 289 espèces de plantes seraient liées à ces Mégachiroptères pour la propagation de leurs graines et qu'au moins 150 espèces de chauves-souris joueraient un rôle capital en tant que pollinisateurs (Fujita & Tuttle 1991). En effet, la dispersion des graines ou du pollen, fondamentale dans le succès reproductif des plantes, leur donne un rôle écologique clef dans le fonctionnement et le maintien des forêts tropicales.
En Guyane Française, on a constaté par exemple que les chauves-souris avaient un rôle prédominant dans la régénaration des forêts après des déboisages.
Dans le désert, elles sont indispensables à la pollinisation de plusieurs plantes dont les cactus. Sans elles, de nombreuses plantes disparaîtraient de cet environnement hostile et ainsi de nombreuses autres espèces animales ne pourraient plus y survivre.
Baobab géant (Adansonia grandidieri) |
Certaines espèces d'arbre, comme le baobab ou les arbres à saucisse, forment même une interaction mutualiste avec les chauves-souris (c'est-à-dire que les deux espèces tirent chacune des profits de cette relation qui est obligatoire à la survie des deux espèces). Leurs grosses fleurs émettent une odeur nauséabonde à notre nez et s'épanouissent la nuit et attirent les pollinisateurs.
Arbre à saucisse (Kigelia africana) |
Le rôle économique des chauves-souris n'est pas négligeable non plus. On estime qu'en Asie du sud-est 70% des fruits vendus sont issue d'une pollinisation effectuée par les chauves-souris. Ce rôle est évalué chaque année dans l’agriculture locale à plusieurs millions de dollars, notamment car elles sont à la base de la pollinisation d’environ 30% des fruits tropicaux dans le monde (Fujita & Tuttle 1991). Nous ne pourrions donc pas manger de fruits exotiques sans la présence de ces animaux.
Malgré cela, ces chauves-souris souffrent d'une mausaise image, et sont souvent persecutés, chassés pour le plaisir ou pour protéger les vergers... A cela s'ajoute la déforestation croissante qui fragmente leur habitat.
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