Une étude, publiée hier dans Biology Letters of the Royal Society, montre que les poux existaient probablement déjà au temps des dinosaures. En effet, Vincent Smith et ses collègues ont examinés l'ADN de 69 espèces de poux d'oiseaux et de mammifères et ont montré que ces parasites auraient commencé à se diversifier avant la disparition des dinosaures, à la limite Crétacé-Paléogène (NOTE).
Or les poux ont besoin de leurs hôtes pour survivre. Contrairement à l'idée généralement admise que les mammifères et les oiseaux se seraient diversifiés à la suite de la disparition des dinosaures il y a 65 millions d'années, cette étude semble indiquer que cette diversification aurait commencée avant, pendant le Crétacé.
Les oiseaux seraient les descendants d'un groupe de dinosaures carnivores bipèdes, appelés Thérapodes, comprennant aussi bien le Tyrannosaure que des Ornithommidés (des sortes d'autruches). Selon les auteurs de cette étude, les oiseaux actuels auraient "hérités" des poux de leurs ancêtres les Thérapodes à plumes. Ils concluent en effet que compte tenu des chronologies de diversification, et de l'origine précoce des plumes, les poux avaient probablement infesté les dinosaures Thérapodes à plumes.
Comprendre l'évolution des poux, notamment à travers la limite Crétacé-Paléogène, peut donc nous permettre de mieux comprendre la radiation évolutive de leurs hôtes.
(NOTE)
La limite Crétacé-Paléogène (K-Pg) est la dénomination utilisée actuellement par de nombreux chercheurs de ce qu'on connait mieux sous le nom de limite Crétacé-Tertiaire (K-T). Cette limite correspond à l'extinction massive et à grande échelle d'espèces animales et végétales (dont les dinosaures) qui s'est produite il y a environ 65,5 millions d'années, dans une courte période de temps à l'échelle géologique. La signature géologique de cette limite est caractérisée par une couche mince d'argile présentant un taux anormal d'iridium que l'on retrouve dans diverses régions du monde.
Le terme Tertiaire est maintenant déconseillé comme unité formelle de temps ou de roche par la Commission internationale sur la stratigraphie, et est couverte désormais pas les périodes Paléogène puis Néogène.
Quand on parle d'organismes venimeux, on pense souvent aux champignons, ou alors aux serpents et aux grenouilles par exemple. Mais on pense rarement aux mammifères. Il existe pourtant quelques mammifères venimeux, certes peu nombreux. Ils produisent du venin pour tuer ou immobiliser des proies ou bien pour se défendre.
Les solenodons
Solenodon de Cuba (Solenodon cubanus) & Almiqui paradoxal (Solenodon paradoxus)
Solenodon paradoxus
Solenodon cubanus
Ils ressemblent à de très grosses musaraignes. Leur morsure est venimeuse, le venin est excrété par des glandes salivaires via des canaux à l'intérieur de leurs secondes incisives inférieures.
L'ornithorynque
Ornithorynque (Ornithorhynchus anatinus)
Ornithorhynchus anatinus
Les mâles possèdent un aiguillon sur leurs pattes arrières pour inoculer le venin. Les échidnés (les autres mammifères ovipares) portent également des aiguillons mais n'ont pas de glande à venin fonctionnelle.
Le crossope aquatique
Crossope aquatique (Neomys fodiens)
Neomys fodiens
Aussi appelée musaraigne aquatique, il mène une vie semi-aquatique dans les fleuves et les ruisseaux. Sa morsure est venimeuse.
Les musaraignes
Grande musaraigne à queue courte (Blarina brevicauda) et les musaraignes d'Amérique (Blarina carolinensis) et (Blarina hylophaga)
Blarina brevicauda @ Gilles Gonthier, Flickr
Ces musaraignes possèdent une morsure venimeuse, en effet, leur salive contient des substances neurotoxiques.
La taupe
Taupe d'Europe (Talpa europaea) et probablement d'autres espèces de taupes
Talpa europaea
Elle possède des toxines dans sa salive qui paralyse les vers de terre et lui permet ainsi de constituer des réserves de nourriture.
Le loris
Loris (genre Nycticebus)
Loris (genre Nycticebus)
Ces primates nocturnes ont une morsure toxique. Ils lèchent une glande sur leur bras, et la sécrétion de cette glande mélangée à la salive forme la toxine. Cette toxine sert également à protéger les jeunes en leur appliquant sur le pelage pendant le toilettage.
Les mammifères venimeux étaient peut-être plus nombreux dans le passé. En effet, des canines datant de 60 millions d'années provenant d'espèces semblables à une musaraigne et d'un autre mammifère inconnu présentent des fentes qui pourraient indiquer que la morsure de ces mammifères était venimeuse d'après certains paléontologues. Cependant, de nombreux mammifères actuels (comme des primates, les coatis et les renards-volants) présentent également des fentes profondes sur les canines et ne sont pour autant pas venimeux. Ce trait n'est donc pas forcément la trace d'une adaptation à l'expulsion de venin.
Mark Dufton (Université de Strathclyde) explique la rareté du venin chez les mammifères par le fait qu'ils n'en auraient simplement pas besoin. Ils seraient suffisemment efficaces pour tuer rapidement avec leurs dents ou leurs griffes, alors que le venin nécessite toujours un certain temps pour immobiliser la proie.
Pour continuer dans la série liée au biomimétisme, on va s'intéresser aujourd'hui à l'histoire de Georges de Mestral et de son chien. A chaque fois que cet ingénieur suisse promenait son chien, l'animal filait dans les broussailles. Il fallait ensuite beaucoup de patience pour retirer une à une les fleurs de bardane qui s'était solidement accrochées au pelage du chien et à son propre pantalon.
Fleur de bardane @ capitphil, Flickr
En 1948, il va examiner au microscope une de ces fleurs: il découvre alors de minuscules crochets recourbés qui s'accrochent aux vêtements et aux poils. Ces crochets sont si souples qu'ils se déforment lorsqu'on exerce une traction, puis reprennent leur forme d'origine et peuvent se raccrocher à nouveau. Georges de Mestral comprend très vite qu'il peut s'inspirer de cette fleur pour faire adhérer deux matériaux simplement et de façon réversible. Il lui fallut 8 ans pour mettre au point cette invention composée de deux rubans, l'un recouvert de velours, l'autre de crochets.
Velcro, à gauche : crochets; à droite: velours @ Alberto Salguero, Wikipedia
Il baptise son invention "Velcro" (acronyme de VELours et CROchets) et dépose un brevet en 1951. Ce système de bandes auto-agrippantes connait maintenant de nombreuses applications pour les vêtements et les chaussures notamment, et le mot velcro est devenu un terme générique pour tous les types de bande auto-agrippante (on parle aussi de "scratch", par référence au bruit produit lors de la séparation des deux éléments).
Etrange vision que celle de ces arbres enveloppés d'un voile grisâtre pour les habitants de la province de Sindh, dans le nord-est du Pakistan.
@ DFID, Flickr, CC by 2.0
Suite aux inondations de l'été 2010, des millions d'araignées sont montées tisser leurs toiles dans les arbres, seuls refuges dans ces étendues détrempées. En effet, près d'un cinquième du territoire pakistanais a été recouvert par les eaux. Pour y échapper, les araignées se sont réfugiées dans les arbres, et l'eau ne se retirant que très lentement, elles ont pu tisser leurs toiles jusqu'à les recouvrir entièrement. Maintenant, les arbres sont tellement emprisonnés dans ces toiles, qu'elles les étouffent progressivement et empêchent le développement de la végétation.
@ Zf4, Flickr
Cependant, ce phénomène insolite a également un effet bénéfique. En effet, la population a constaté que cette invasion était corrélée avec un très faible nombre de moustiques, surtout quand on le rapporte au grand nombre de points d'eau stagnante formés qui devrait au contraire favoriser leur prolifération. Les toiles d'araignées géantes semblent donc capables de capturer une grande quantité de moustiques, et limitent ainsi la diffusion du paludisme, maladie transmise via ces insectes. De quoi apprécier la présence de ces millions d'araignées!
Marie Curie est née Maria Sklodowska le 7 novembre 1867 à Varsovie dans une famille d'enseignants. A l'époque, la Pologne démembrée est soumise à une politique de russification et de répression intense. A 11 ans, Maria perd sa mère de la tuberculose, deux ans après qu'une de ses soeurs ne soit morte du typhus. Elle va alors se plonger dans la lecture et les études. Elle obtient ainsi son diplôme de fin d'études secondaires avec la médaille d'or. Mais les universités n'acceptent pas les femmes à cette époque. Maria rejoint alors la doctrine positiviste d'Auguste Comte, et participe à "l'Université volante" qui souhaite éduquer clandestinement les masses.
Marie Curie
En 1891, elle part pour Paris où elle suit des cours en sciences physiques et en mathématiques à la faculté des sciences. Elle suit les cours des mathématiciens Paul Painlevé, Paul Appell et des physiciens Léon Brillouin et Gabriel Lippmann. En 1893 elle obtient sa licence en sciences physiques en étant première de sa promotion, et en 1894 sa licence en mathématiques en étant seconde. Elle rejoint ensuite le Laboratoire des recherches physiques de Gabriel Lippmann.
Pierre Curie
En 1894, elle rencontre Pierre Curie et l'épouse à Sceaux le 26 juillet 1895. Ils auront deux filles: Irène le 12 septembre 1897, qui deviendra chimiste et physicienne et obtiendra le prix Nobel de chimie en 1935 pour la découverte de la radioactivité artificielle avec son époux Frédéric Joliot; et Ève le 6 décembre 1904, pianiste, femme de lettres et diplomate.
Irène Joliot-Curie & Frédéric Joliot @GFHund
Ève Curie
En 1897, elle entre à l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris et commence des travaux de thèse sur l'étude des rayonnements produits par l'uranium, découverts par Henri Becquerel. En utilisant les techniques mises au point par son mari, elle analyse les rayonnements d’un minerai riche en uranium, la pechblende. Son mari vient la rejoindre dans ce laboratoire de fortune et ils découvrent ensemble deux nouveaux éléments en 1898: le polonium et le radium.
Le 10 décembre 1903, Marie Curie reçoit avec son mari et Henri Becquerel, le prix Nobel de physique "en reconnaissance de leurs services rendus, par leur recherche commune sur le phénomène des radiations découvert par le professeur Henri Becquerel". Elle est la première femme à recevoir un prix Nobel. Le 10 décembre 1911, elle reçevra son second Prix Nobel "en reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés".
En 1906, Pierre Curie meurt accidentellement. Elle le remplace à son poste de professeur à la Sorbonne et conserve son laboratoire. Elle devient ainsi la première femme à enseigner dans cette université. Fin 1909, Émile Roux, directeur de l’Institut Pasteur, propose la création d’un Institut du Radium, dédié à la recherche médicale contre le cancer et à son traitement par radiothérapie. Lorsque la guerre éclate, Marie est mobilisée ainsi que tout cet institut. Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, elle participe à la conception de 18 unités chirurgicales mobiles surnommées les "Petites Curies" pour prendre des radiographies des malades, et ainsi faciliter les chirurgies. À l’Institut du Radium, elle forme des aide-radiologistes.
Suite à une trop grande exposition aux éléments radioactifs, elle est atteinte d’une leucémie radio-induite et meurt le 4 juillet 1934.
L'année 2011 a été proclamée Année de Marie Curie. De plus, à l'occasion du 100ème anniversaire de son prix Nobel de chimie, Les Dossiers de La Recherche proposent un numéro dédié à Marie Curie.
La datation du moment où l'Homme a pu contrôler le feu est très controversée. L'utilisation régulière du feu par les premiers hominidés en Afrique daterait d'il y a environ 1,6 millions d'années. La plupart des archéologues sont d'accord pour dire que la colonisation de zones comme l'Europe, où la température était alors sous le 0°C, n'aurait pas pu se faire sans la capacité à utiliser le feu.
Cependant, l'analyse à grande échelle des données archélogiques (141 sites allant de -1,2 million d'années à -35 000 ans) réalisées dans une étude récente suggère que les premiers hominidés se déplacaient en Europe sans avoir recours à l'utilisation habituelle du feu. Le feu est devenu une partie importante du répertoire technologique des hominidés qu'il y a environ 300 000 à 400 000 ans. Il n'y a donc pas de preuve de la maîtrise du feu pour les 700 millénaires d'occupation de l'Europe qui ont précédés, même si on ne peut exclure que les hominidés aient pu se servir du feu à l'occasion de certains événements naturels (foudre, combustion spontanée, volcanisme). Ces résultats concordent assez bien avec ce que l'on sait de l'apparition du feu en Asie et en Afrique, à l'exception d'un site en Israël, qui semble recéler des traces d'usage du feu remontant à 780 000 ans. Le feu ne devait donc pas être un élément essentiel du comportement des premiers occupants du Nord du Vieux Monde.
Cette étude montre également que c'est Néandertal qui a intégré le feu dans le répertoire technologique de la lignée humaine, vers la fin du Pléistocène. Les foyers produits servaient alors à se chauffer, à cuire la nourriture, à s'éclairer mais également à produire de nouveaux matériaux servant à coller des pierres taillées sur des manches.
Incroyable : un dinosaure théropode vivant aurait été aperçu au Pantanal, une région humide très peu peuplée au sud de l'Amazonie. Découvrez les premières images, en attendant une publication dans une revue scientifique.
Il faut le voir pour le croire. Un animal ressemblant fortement à un dinosaure bien vivant a été repéré en pleine forêt vierge et semble effectivement étroitement apparenté à ce grand groupe de vertébrés diapsides disparus – croit-on – il y a 65 millions d’années, par l’effet d’un astéroïde (Baptistina de son nom de famille) ou d’un accès de volcanisme du côté du Deccan, ou encore d’une juxtaposition des deux événements.
Si elle venait d’un touriste quelconque, la découverte ferait sourire. Mais l’équipe à l’origine de l'annonce n’est autre que celle dirigée par Alan Grant, du National Museum of Natural History, de la Smithsonian Institution, disciple de Charles Bradford Hudson. La découverte, d’ailleurs, ne doit rien au hasard. L’équipe a exploré l’un des endroits les moins connus du globe alors que la biodiversité y est sans doute la plus élevée : le Pantanal.
Cette immense plaine d’Amérique du Sud est la plus grande zone humide du monde, avec près de 200.000 kilomètres carrés, c’est-à-dire un peu moins que la surface de la Grande-Bretagne. Située au sud de l’Amazonie, elle se trouve pour l’essentiel au Brésil (états du Mato Grosso et du Mato Grosso do Sul) et pour le reste en Bolivie et au Paraguay. La pente est extrêmement faible et les eaux s’écoulent très lentement vers l’Atlantique.
À la saison des pluies (entre octobre et mars), elles s’étalent en une multitude de marais et de rivières qui inondent complètement de vastes zones de forêts. L’environnement y est très particulier : durant la saison humide, ce sont des poissons qui se promènent entre les troncs d’arbres…
Une balade pas du tout virtuelle au Pantanal au milieu d’une biodiversité exceptionnelle…
Dans ce milieu si étrange prospèrent une faune et une flore étonnamment variées. Avec ces apports d’eau douce venus d’un peu partout, le Pantanal concentre des espèces animales et surtout végétales issues de régions très différentes. Voilà pourquoi coexistent ici des végétaux des forêts tropicaleset d’autres typiques de la savane. On y croise aussi beaucoup d’espèces encore non répertoriées, d’autant que l’occupation humaine y reste encore réduite, surtout au centre et vers le nord.
Depuis de nombreuses décennies, des observations d’un animal de grande taille, craintif et marchant sur deux pattes ont été rapportées sans que ces affirmations soient prises bien au sérieux par les scientifiques, lacryptozoologie ayant mauvaise presse dans les labos.
Tout change désormais avec cette observation incontestable – et incontestée – qui fera bientôt l’objet d’une publication dans la revue Pnas, mais dont nous présentons ici les principales informations. D’après Alan Grant, l’animal est à coup sûr un archosaure, sans doute un dinosaure, vraisemblablement un saurischien, probablement un théropode et peut-être avéthéropode (ou Avetheropoda). Autrement dit un dinosaure bipède ressemblant au célèbre Velociraptor immortalisé (mais mal représenté) par le film Jurassic Park.
D’après Grant, l’animal mesure environ 1,50 mètre au garrot et marche – ou plutôt court – sur ses deux pattes arrière tandis que ses membres antérieurs semblent très courts. L’animal a été vu à plusieurs reprises mais à chaque fois pendant quelques secondes seulement. Il a cependant été filmé et photographié. Nous présentons ici deux vues rapprochées qui montrent assez bien la forme générale de l’animal. Capable de courir vite, il paraît adapté au milieu forestier (comme on le voit sur les images publiées ici), mais aussi aux milieux ouverts, nombreux au Pantanal. Ce dinosaure est aussi bon nageur et c’est d’ailleurs dans l’eau qu’il a été vu pour la première fois par l’équipe, en avril 2010, à la fin de la saison humide, raison pour laquelle Alan Grant l’a baptisé Piscisaurus aprilis (le reptile d’avril qui nage).
Alan Grant/Futura-Sciences
Cette vie amphibie amène d’ailleurs des questions sur le mode de vie des théropodes disparus, toujours représentés en train de courir sur la terre ferme. Mais ne pouvaient-ils pas nager eux aussi ? « C’est tout à fait possible, commente Michel Mostelle, du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, interrogé par Futura-Sciences. Nous ne savons pas grand-chose de leurs modes de vie et leurs pattes arrière puissantes devaient sûrement leur donner la possibilité de nager. »
Cette capacité d’adaptation peut étonner mais explique aussi pourquoi P. aprilis a pu survivre jusqu’à nos jours dans cette région isolée mais bien pourvue en ressources. Il s’agit à n’en pas douter d’un carnivore (voir sa dentition) et la richesse de la faune permet tout à fait à un prédateur de cette taille de vivre en petites populations, comme en témoigne la présence de jaguars, de pumas et de renards.
Même si ce n’est pas la première fois que l’on observe des dinosaures vivants, cette découverte bouleverse notre connaissance des théropodes et de leur évolution. Elle nous incite aussi à mieux préserver cette région si particulière du Pantanal. L’équipe repartira dans cette région l’hiver (boréal) prochain pour mieux observer P. aprilis en milieu aquatique pendant la saison des pluies. Rendez-vous, donc, en avril prochain, pour la suite de ce feuilleton.