29/03/2011

Le risque de prédation affecte la croissance des petites mésanges charbonnières

On sait que le risque de prédation influence le comportement et le développement, et plus particulièrement chez les animaux d'élevage. Les mères peuvent être sélectionnés pour transférer de l'information sur l'intensité d'un tel risque à leurs descendants à travers ce qu'on appelle les effets maternels, et donc influencer leur développement. 

Une équipe de chercheurs de l'Université de Bern (Allemagne) s'est intéressée à cette effet maternel en manipulant le risque de prédation perçu par des femelles de mésanges charbonnières avant et pendant l'ovulation. Ils leurs ont présenté des animaux empaillés et des sons correspondant à une espèce prédatrice de la mésange (épervier d'Europe) et à une espèce non-prédatrice (grive musicienne). Les oisillons issus de ces mères exposées ont ensuite été placé avec des parents d'adoption n'ayant subi aucun traitement, afin de bien distinguer l'effet maternel des effets des soins parentaux post-éclosion. 

A gauche : épervier d'Europe (Accipiter nisus); à droite : grive musicienne (Turdus philomelos)

On observe que les petits issus de mères placées sous la (fausse) présence de prédateurs sont plus petits que les autres oisillons, mais ont un taux de croissance des ailes plus élevé et auront des ailes plus longues que les autres à la maturité. 

A gauche: jeune mésange charbonnière (Parus major) issus de mère "contrôle";
à droite: jeune issus d'une mère sous la présence de prédateurs

Les chercheurs proposent différentes explications pour ce phénomène:  
 - cela pourrait être la conséquence passive d'une forte circulation des hormones de stress chez la mère, la croissance accéléree des ailes chez les oisillons étant alors le résultat d'une croissance compensatrice.
- ou bien la croissance accélérée et la plus grande longueur des ailes à la maturité pourrait suggérer que cet effet maternel est une réponse adaptative au risque de prédation, car un poids plus léger et des ailes plus grandes sont un avantage séléctif pour échapper aux prédateurs. Dans ce cas, l'effet maternel influencerais la répartition des ressources attribuées aux différentes fonctions de croissance des jeunes. 

Ainsi, ils ont montré pour la première fois, à travers une manipulation environnementale plutôt qu'hormonale, que le risque de prédation pouvait induire des effets maternels adaptatifs chez les oiseaux.


Source : Coslovsky, M. and Richner, H. , Predation risk affects offspring growth via maternal effects. Functional Ecology, no. doi: 10.1111/j.1365-2435.2011.01834.x

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